Lorsque l’on pratique la pêche aux thons rouges en Bretagne sud, la normalité est 1 à 2 opportunités de capture par jour que ce soit sur chasse ou au vif, mais bien rarement plus et bien souvent moins… Mais il existe des sorties où, contre toute attente, les poissons ne nous laissent aucun répit.
L’identification de la bonne zone
Nous sommes fin août et je pars en compagnie de deux amis à la recherche des thons blancs bien loin derrière Belle-Île. Cela fait déjà plus d’une semaine que les échos sont favorables et qu’un certain nombre de bateaux se font plaisir. La veille de notre sortie, nous apprenons que ces fameux germons auraient disparus, mais il nous faut tenter notre chance… Il est donc 6h30 lorsque nous quittons la mise à l’eau pour une navigation de plus de 2 heures avant d’arriver sur zone.
Les bateaux sont peu nombreux et à travers les échanges sur la VHF, nous comprenons que les prises espérées n’ont pas encore eu lieu. Nous trainerons des octopus, des poissons nageurs et des flappers pendant plus de 3h sur plus d’une dizaine de miles nautiques avant d’abdiquer et de nous retrancher sur notre plan B qui est n’est autre que le thon rouge.
Mise en place du plan B
Nous avions eu la chance le matin en faisant route d’identifier une zone d’activité avec de belles chasses et lorsque nous arrivons sur le waypoint vers 13h, les poissons sont toujours présents et particulièrement actifs !
Mais malgré les chasses qui éclatent de manière régulière, les poissons « coulent » rapidement lorsque nous approchons et restent bien souvent hors de portée.
Cependant nous aurons quelques opportunités mais qui resteront sans succès et nous déciderons à tenir un vif en laisse dans la zone… L’attente sera de courte durée et c’est après un combat de 45mn qu’un premier poisson d’environ 70kg arrive au bateau.
Aucun signe visible d’activité
Quelques jours plus tard, un créneau météo correct nous donne une nouvelle opportunité de sortie. Alors accompagné de Pascal et d’Antoine, nous faisons une nouvelle fois route vers la zone que nous avions identifiée comme active.
Après avoir rapidement mis quelques maquereaux au vivier à proximité de Belle-Ïle, nous faisons route en scrutant l’horizon à la recherche de splashs équivoques en surface mais aussi de pétrels, puffins ou goélands précédemment si nombreux dans le secteur. Mais aucun signe n’est identifiable et nous supposons que les poissons s’en sont allés vers d’autres lieux. Cependant, nous décidons d’escher deux cannes à vif et de dériver 1 heure ou 2 sur le waypoint identifié pour en avoir le cœur net.
2 premières occasions manquées
Il est 11h lorsque nos maquereaux munis d’un circle hook nagent juste au-dessus de la thermocline. L’attente durera 25 minutes avant que le frein chante une première fois.
Le départ est rapide et puissant, typique d’un thon rouge et pourtant, en prenant contact et en resserrant le frein, le bas de ligne en fluorocarbone 150lbs est coupé et marqué sur les premiers centimètres. Il apparait évident que nous sommes tombées sur un gros requin dont nous ne connaitrons pas l’identité.
Le bas de ligne est rapidement mais minutieusement remonté puis esché d’un nouveau vif. Il est alors midi, lorsque le frein de la seconde canne chante de nouveau.
Le départ est une nouvelle fois typique d’un thon rouge et le poisson est piqué. Le combat s’engage et c’est après un premier rush que le poisson vient travailler à la verticale du bateau. Malgré le circle hook, quelques minutes plus tard, deuxième désillusion, le thon se décroche ! 2 départs en 1h et aucune prise concrétisée…
Sans l’évoquer, nous redoutons d’être passés à côté de nos seules opportunités de la journée…
Un splash inespéré
Les lignes sont de nouveau à l’eau et l’attente s’accompagnent de sashimi de maquereaux frais et d’une bière pas tout fait encore méritée.
Les signes d’activité sont extrêmement rares depuis le matin, au mieux 2-3 oiseaux qui « cruisent » et un splash de temps à autre. C’est cependant un de ces derniers qui nous fait stopper notre collation. Il s’agit d’un seul poisson qui saute à 150 mètres du bateau. Bien qu’hors de portée, je lance immédiatement un Illex Nitro Slim 150 rose dans sa direction, le laisse couler quelques secondes et entame une récupération lente en linéaire avant d’être stoppé !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est au milieu de ce désert d’activité que je ferre un thon au leurre.
Branle-bas de combat dans le bateau, il faut remonter les deux cannes au vif avant que le poisson ne vide mon Twinpower 14000. Heureusement les amis sont réactifs et le thon stoppe rapidement son premier rush.
Le combat s’engage et j’annonce immédiatement qu’il s’agit d’un petit sujet mais qui nous réconforte et nous donne le sourire quoiqu’il arrive. Pascal, dont c’est le baptême du feu se montre efficace pendant le combat et nous monterons rapidement un poisson d’une quarantaine de kilogrammes au bateau.
Nous y croyons à peine, 3 opportunités en 2h et le plaisir d’une capture alors que la zone semblait vide. Les thons ne se montrent pas, mais ils sont bien restés sur zone et semblent vouloir s’alimenter. C’est une aubaine pour nous et c’est avec grand espoir que nos maquereaux rejoignent une nouvelle fois la thermocline.
Un petit peau bleu
Une nouvelle fois l’attente sera de courte durée et vers 14h30, le frein du Stella 20000 chante à nouveau quelques secondes… Je prends la canne en main, sens immédiatement qu’il se passe quelque chose à l’autre bout du fil et décide donc d’ouvrir le pick-up et de prendre la tresse en main.
Quelques tirées et la sensation d’un maquereau qui se fait mâchouiller m’indique avec certitude qu’il s’agit d’un petit requin. Après un départ plus marqué le poisson est ferré et monté en une poignée de minutes au bateau compte tenu de l’inégalité du rapport de force entre le matériel et ce petit peau bleue. Ce poisson n’est pas de la couleur recherchée mais nous fait très plaisir et complète à merveille le récit de cette journée qui avait pourtant mal débutée. Une fois sont plus beau sourire capturé, ce petit requin rejoint son élément.
Un dernier thon avant de rentrer
Le bas de ligne, légèrement abimé par les dents de ce peau bleu est immédiatement remplacé et esché du dernier maquereau en notre possession. Il est 15h et nous nous sommes fixés une deadline à 16h15 avant de faire route vers le port. Tous les espoirs sont permis, mais une 5ème touche serait vraiment inespérée ! Et pourtant c’est à 15h25 que le frein chante une dernière fois, celui d’un Daiwa BG MQ 20000, un moulinet d’entrée de gamme qui fait parfaitement le travail. Le rush est long et rapide et ce poisson qui ne semble pas énorme apparait pourtant comme puissant et particulier.
A l’inverse de ce qui se passe traditionnellement, ce thon ne sondera jamais à la verticale du bateau et fera l’intégralité du combat en surface. Les rushs et changements de direction s’enchaîneront et Antoine gèrera d’une main de maître la barre du bateau pour nous permettre de travailler toujours à l’arrière du pont et du même côté. Il nous faudra alors 25 minutes pour ligner efficacement ce poisson d’une cinquantaine de kilogrammes qui ponctuera alors cette belle journée riche en émotions.